|
|
||
|
114 Lcs Spectacles de la Foire.
|
||
|
|
||
|
pièce avce le ficur Pafquicr, l'un des affociés commanditaires dudit fpectaclc, fans le concours des entrepreneurs ni de l'adminiftrateur général feul chargé, avec l'un des directeurs, dc la régie du fpcctacle, qui l'ont vainement folli-cité, à plufieurs reprifes, dc leur livrer fa pièce pour Ia mettre à la cenfure, auxquelles follicitations ledit fleur Lutainc a répondu que l'ouvrage étoit cenfure et figné de M. le lieutenant-général dc police.
D'après la parole du fleur Lutaine, qui étoit lui-même intéreffé plus quc perfonne à voir jouer fa pièce, puifqu'il en retiroit un payement honnête, les directeurs n'ont fait aucune difficulté de faire toutes les dépcnfcs néceflaires, dépenfes très-confîdérables, auxquelles la mife dc cet ouvrage a donné lieu, dépcnfcs qui n'ont même pas laiffé aux directeurs la liberté de retarder Ies répétitions que l'on a preffées, non-feulement à caufe des follicitations dc l'auteur de la mufique, mais par rapport à la certitude que fleur Lutaine avoit donnée aux directeurs quc la pièce, qu'il n'a jamais voulu faire voir, étoit cenfurée.
D'après tout cc qui vient d'être ci-deffus expofé, on a commencé les répétitions particulières de la pièce auxquelles le fleur Lutaine a affifté; mais le tems des répétitions générales arrivé, l'auteur des paroles, le fleur Lutaine, ne s'eft plus préfenté au théâtre et a laiffé annoncer fon ouvrage par l'affiche dc cejourd'hui 8 dc ce mois, et cc n'eft qu'à 9 heures 1/2 de cc matin, quc ledit fleur Lutainc a averti la direction quc fa pièce n'étoit pas cenfurée comme il l'annonçoit depuis deux mois.
Les directeurs à cette nouvelle ont fouffert tout à la fois de l'idée d'avoir mérité des reproches du magiftrat pour Ieur cxceffivc crédulité et des plaintes du public. Dans cette alternative cruelle, ils ont fait appeler le ficur Leblanc, auteur de la mufique dc cette pièce, qui a répondu quc le ficur Lutainc l'avoit trompé lui-même en lui aflurant et cn l'expofant à affurer à la direction que le Lord el fon jockei étoit prêt et qu'on pouvoit l'afficher, mais que cette conduite dudit ficur Lutaine étoit fi malhonnête qu'il prioit la direction de lui rendre fa partition qu'il aimoit mieux facrificr quc de la voir fervir à l'ouvrage dc cet auteur (1).
Dans ces circonftanccs, les directeurs défefpérés de s'être expofés à mériter les juftes reproches du magiftrat par leur trop grande indulgence envers ledit ficur Lutaine, ont malgré cela recours à fa juftice et à fon autorité pour obtenir que ledit ficur Lutainc foit obligé dc les dédommager des dépcnfcs confidérablcs qu'ils ont été forcés dc faire pour mettre fa pièce cn exécution fur leur théâtre, etc.
Signé : Leblanc ; Cressent de Bernaut ; Sirebeau.
(Archives des Comm., n° 46S8.)
(r) Malgré cc conflit entre les directeurs dc cc spectacle ct Lutainc, cc dernier continua -ourlant à travailler pour les petits comédiens du 'comte de Beaujolais, ct cn 1789 il leur fit representer deux pieces : 1" l'Alchimiste, ou la Paliiigèncsic, opéra bouffon cn trois actes ct cn vers, et 20 la Mère indécise, comédie aussi en trois actes ct en vers.
|
||
|
|
||